Habiters des hommes, la mise en œuvre des constructions sociales.   
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Territoires des villes - Citoyen Citadin
Citoyennetés et démocraties
De la Grèce antique à l'Europe d'aujourd'hui



La vie des sociétés n'a pas toujours connu des états tels que nous les connaissons. Il a existé et il existe encore, de par le monde, de petites sociétés ou communautés, qui vivent encore en quasi-autarcie, produisant et consommant (on parle d'autoconsommation) ce qu'elles produisent (autoproduction). Sociétés amérindiennes du Bassin de l'Amazone, par exemple.
L'ethnologue Pierre Clastres parle de “société sans état”.

Ce sont des sociétés organisées, mais il n'y a pas d'état. La division des travaux y existe, mais seule la compétence fait autorité. Celui qui sait faire, fait. Celui qui veut essayer un geste, nouveau pour lui, essaye. S'il réussit, il sait faire, sa compétence est reconnue. L'apprentissage se fait en observant celles ou ceux qui font, qui agissent. Par imitation et transmission directe.

L'état, lui, construit des normes, des règles, des Lois... et son administration inspecte et contrôle, elle suit en toute affaire des protocoles, respecte des règles formelles, écrites (la Loi, par sa consignation écrite, est stable, la référence au texte est toujours possible ; dans la Chine traditionnelle, les fonctionnaires sont appelés les “Assis”, car ils sont en effet assis à même le sol sur le chantier, genoux croisés, pour écrire et manipuler leurs tablettes, les papiers sur lesquels ils écrivent, de référence (il est précieux de pouvoir revenir, plus tard, sur ces notes, pour contrôler des chantiers complexes, et aujourd'hui même, pour anticiper, préparer les travaux du lendemain) ; ils dirigent ou contrôlent les travaux, faisant office à la fois d'ingénieurs, architectes, conducteurs de travaux ; ils enregistrent ce qui a été accompli, jour par jour, selon le calendrier, et enregistrent ainsi des statistiques et références comptables).

Ces règles édictées par des juristes fonctionnaires de l'Etat, sont théoriques, cohérentes, elles conduisent l'expérience, elles en vérifient le bon ordre, le caractère équitable et juste. Elles permettent de calculer le bilan de l'action entreprise, les dépenses engagées, par exemple pour l'approvisionnement en matériaux ou matières premières et fournitures, d'estimer ou de fixer les salaires éventuels des ouvriers, ou bien encore de régler l'intendance nécessaire à l'entretien des ouvriers. Au contraire de ces sociétés administrées, où une structure d'état gouverne tout, organise la moindre des entreprises, la pratique (on dira aussi la production) et l'expérience naviguent à vue dans les sociétés dites “traditionnelles”, où chacun est le garant de tout devant tous et à tout moment.

Du Bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau aux sociétés de presque autosubsistance d'aujourd'hui (Brésil, Bornéo, Java, Iles Andaman, Indonésie : Îles Célèbes... mais aussi Polynésie), les figures de “L'Homme Bon” primordial, à l'image du “Premier Homme”: Adam, n'en finissent pas d'alimenter l'imaginaire actuel des sociétés modernes. Comme une sorte de contre-miroir, qui nous renverrait une image autre de nous-mêmes, un reflet qui souligne les travers de nos sociétés et idéalise les qualités de ces modèles admirables que constituent ces groupes plus “naturels” que nous, --seraient-ils plus “simples” ?-- dont nous apprécions et valorisons les caractères si “authentiques”. Sont-ils plus proches de la Nature ? Ils ne connaissent pas d'industrie de masse. Leur économie est plus “naturelle”. Mais, pour nous, hommes, nous verrons toujours la Nature telle que la définit et la représente notre culture, telle que nous la restitue la mémoire, nous la raconte notre histoire.
Sont-ils plus avertis que nous ne le sommes de ses secrets de Vie ?
Leurs médecines convergent souvent, ou collaborent avec les nôtres... Sont-ils plus libres que nous , car ils seraient plus proches de la Nature ??

Comment et pourquoi parler de citoyenneté et de démocratie aujourd'hui ?

D'abord, parce que nous devons vivre en Paix, et la paix se conserve par de bons contacts, des rencontres, où nous apprendrons à mieux connaître les autres, à reconnaître entre nous des différences, à les accepter comme des avantages, des qualités diverses. Nous entretiendrons entre nous des activités de langage et de vie pratique, pour communiquer mieux et nous accoutumer à des mœurs nouvelles, que nous ne connaissions pas auparavant, pour apprendre à connaître ce peuple dont nous apprenons la langue, sa géographie, celle de ses territoires, mais aussi sa Littérature, son histoire, ses coutumes, les valeurs qui sont pour lui fondatrices, ses mythes fondateurs, comme disent les ethnologues.

En pratiquant une langue, nous nous accoutumons, nous nous habituons à des manières de vivre, de penser, de travailler, de collaborer, de devenir ami(e)s... de vivre ensemble en bonne entente. Cela ne se fait pas tout seul, mais en pratiquant des vertus (nous le faisons le plus souvent sans y penser). Nous traitons les autres comme nous aimerions qu'ils nous traitent. Nous approfondissons la pratique de respecter la liberté et la dignité d'autrui, des autres. Nous mettons en exercice, pour cela, la tolérance, la laïcité, le respect des opinions, de la conscience, en particulier en matière de foi religieuse ou de conscience philosophique (les valeurs morales, l'Ethique), mais pas seulement.

Citoyenneté, pour rester solidaires, aider et soutenir les plus faibles, les épargner.
Pour penser d'abord aux autres, au lieu de servir notre seul égoïsme. Nous vivons en société, et non pas tout seuls au monde. Notre intérêt bien compris est de servir cette société où nous vivons, de travailler à la rendre meilleure, plus riche, oui, mais surtout plus juste, plus équitable, plus humaine.

De la naissance de l'Etat à l'apparition de ce que les Grecs, ou plutôt les Athéniens, ont appelé la démocratie, “gouvernement du peuple par le peuple”, démo- : peuple, population d'une cité (en grec ancien : polis, la Ville, la Cité, d'où notre mot de « politique », art de gouverner la Cité) l'histoire est longue. En l'occurrence, les grandes villes-états : Sumer, Akkad, Babylone... ont précédé les cités grecques. Villes-greniers, elles amassent les immenses réserves de Grain qui sont placées sous la protection sacrée du Souverain, Roi ou Prince. La Puissance de ce Souverain est magico-religieuse, car le Souverain, Roi ou Prince, est désigné selon une Symbolique Sacrée ou Divine (pas toujours dynastique, de père en fils), par un protocole complexe, un ordonnancement de cérémonies qui met en jeu des Devins, Mages, Savants... comme dans l'Egypte des Pharaons et des Prêtres desservants de ces Cultes Sacrés).

Leur existence s'organise autour de trois classes principales : Astronomes, Devins ou prêtres, Soldats-ouvriers, paysans-artisans. La culture intensive du Blé en est l'un des préalables, qui atteint avec une division du Travail hautement perfectionnée, un niveau de développement technique très remarquable : assainissement et drainages des sols, gestion de l'eau par un système complexe d'irrigation, à partir du fleuve initial (souvent divinisé), ces sociétés, ces Villes-Etats façonnent leurs territoires.

Les cités grecques, au temps de la fondation de Massilia (autour de l'an 800 av. JC, début du VIIIème siècle av. JC ; c'est aujourd'hui Marseille) disposent déjà d'un ingénieux système de chauffage des sols par la Vapeur : les “Hypocaustes”, comme on peut les voir à Ephèse (dans l'actuelle Turquie), aussi en France, à côté de Vienne, sur le Rhône (au sud de Lyon), ou bien encore à Glanum, petite ville grecque assez bien conservée, --pour son âge !-- près de Saint-Rémy de Provence et Arles. Chaque Quartier regroupe huit ou dix maisons, Villas, et il est équipé d'une chaudière commune à ce groupe de Villas : un Four, construit en briques réfractaires, pour qu'elles résistent à la chaleur élevée d'un Feu puissant, alimenté au Bois, va chauffer de l'eau, et alimenter en eau chaude tout le groupe de maisons, un quartier (celui-ci est appelé au Moyen-Âge une Ïsle), comme on le dit aujourd'hui. Les quartiers sont séparés entre eux par des rues pavées, sur des chaussées de Pierre recouvertes de larges dalles. Des égouts, ménagés sur les bords de ces chaussées, recueillent et évacuent les eaux sales. Ce sont des canalisations de Pierre taillées, couvertes de larges pierres rectangulaires, qui peuvent être soulevées et ôtées, pour les débouchages et l'entretien, le nettoyage de la canalisation. Ces équipements techniques, lorsque nous les visitons, nous semblent toujours étonnamment modernes !

De l'eau est portée à ébullition, des esclaves alimentent le feu, et veillent au niveau de l'eau, pour une bonne alimentation de la chaudière, ainsi qu'à sa circulation, donc aussi à l'étanchéité du système, pour assurer une bonne distribution régulière des eaux.
Cette eau chaude est conduite par des canalisations creusées en rigoles dans de la Pierre de Taille, ou par des éléments de Brique cuite, assemblés par du Ciment ou du Plomb (origine du mot « Plomberie » en Français, qui désigne le travail des « Plombiers »), jusque sous le pavage, la Mosaïque de chaque maison. Une première dalle constitue une partie, la plus profonde dans le Sol, des fondations. Etanche, en Béton, elle forme un bassin, une cuvette, et sera remplie de cette eau chaude.

Mais, sur cette dalle, sont disposées verticalement, à intervalles assez réguliers, des éléments de brique cuite, sortes de grosses poteries étanches de forme cylindrique, comme des tuyaux, des cheminées, des tubes.
L'eau chaude se trouve à l'extérieur de ces pots, où se forme, par condensation, à l'intérieur de la poterie étanche, imperméable, une vapeur très chaude, qui diffuse et retransmet sa chaleur au sol qui recouvre toute la surface, sous le pavage de couverture.

Comme le dallage qui sous-tend la mosaïque est posé directement au-dessus de ces larges pots, 30 cm de haut, pour 20 cm de diamètre, au-dessus du pavage de pierre entre les pots et la mosaïque elle-même, cette vapeur très chaude communique ses calories à la dalle sous la mosaïque et à la mosaïque elle-même. Ce chauffage par les sols ne date pas d'hier, et il est encore en état de fonctionner.

Dans la Chine ancienne, dans les Villes les plus anciennes du Croissant Fertile (les deux Fleuves Tigre, Euphrate), dans l'ancienne Egypte, les sociétés sont développées à partir d'un Empereur, un Roi, un Pharaon, selon une hiérarchie (ordre social, où le dominant gouverne de strate en strate le dominé). En haut, au sommet de cette organisation complexe, siège le Roi ou Empereur, puis sa Cour, formée des hautes castes des savants-sachant : devins, astrologues... Les lettrés exercent toutes les fonctions de commandement nécessaires, puis, les marchands qui voyagent au long cours, caravanes et bateaux, puis les artisans les plus habiles, ou artistes, puis les soldats, et enfin les ouvriers, paysans, et, au plus bas de cette échelle, les esclaves (prisonniers de guerre dont la vie a été épargnée), qui sont dévoués aux tâches les plus difficiles physiquement parlant, les plus pénibles ou dégradantes.

Deux conditions pour que se développe une société complexe, industrielle : d'abord, l'écriture, ensuite le gouvernement par un état central et des institutions complexes, pour gérer les ouvrages ou affaires, transmettre le patrimoine des savoirs et avoirs techniques et s'adapter de manière organisée à toutes les situations. On dit que « Gouverner c'est prévoir », anticiper, pouvoir tracer des plans, calculer des réussites...

La Politique est donc d'abord l'ordre de l'autorité du gouvernement, qui développe une économie à travers le système d'organisation de la société. Cette économie est sociale, parce que, si la société n'est pas bien administrée et bien gérée, elle ne rend pas tous les services que l'on pourra obtenir d'elle par une gestion intelligente et perspicace de ses ressources (les savoirs, savoir-faire, compétences, aptitudes, telles que l'école, les formations professionnelles, les expériences de travail... peuvent les développer).

Ce sont donc deux évolutions qui se déroulent en parallèle : l'une, celle de la transformation continue des institutions politiques, l'autre, celle du développement de la société. Si une société est plus et mieux éduquée, si le niveau des savoirs et savoir-faire y est plus élevé, alors cette société va développer des institutions plus subtiles et plus complexes. Elle développera aussi des réalisations techniques ou économiques plus subtiles, plus perfectionnées, plus complexes.

Dans une société où les écarts entre les plus riches et les plus pauvres augmentent, il est facile de constater combien la Politique revient au devant de la scène. C'est à elle de permettre à tous de travailler ensemble au Bien Commun, c'est-à-dire au développement de la société, et à la répartition des richesses la meilleure possible, la plus équitable et juste.

Pour mobiliser une société, la politique doit tracer et fournir des directions, des perspectives, fixer des buts, des échéances pour les atteindre. Gouverner c'est prévoir.

La démocratie est un excellent moyen d'agir. Pourquoi ?? Elle peut permettre de mobiliser chaque citoyen, de le reconnaître comme une personne singulière, originale, dont la personnalité va être utile aux autres. Pour cela, l'autorité, le gouvernement doit faire droit à chacun des membres de la société, à chaque citoyen, de ses devoirs et de ses droits, mais d'abord de ses compétences, aptitudes, savoirs, savoir-faire. Sous cet aspect, la démocratie apporte des devoirs et confirme ou garantit des droits. D'abord les devoirs, ensuite, les droits.

Mais parler ainsi c'est ramener la démocratie à un catalogue de devoirs et de droits. Or, elle est plus que cela. Elle ne réside pas dans un ni en plusieurs textes de référence.
Elle est une pratique de chaque jour, et de chaque citoyen.
Elle est freinée si l'état central développe une « société bloquée » (Michel Crozier).

Si les concurrences entre administrations ne peuvent pas être surmontées par les arbitrages du Premier Ministre. Selon l'exemple français. Mais chacun pourra penser à des faits similaires en sa société, en son pays d'appartenance.

Elle est freinée si l'économie et elle seule, prend le pas sur la société et si elle supplante l'état qui en est la représentation. Une série de phénomènes d'emballement (appelées parfois économies du chaos), de crises, nous obligent à repenser les bases, les principes, les pratiques de nos sociétés dites « démocratiques ». Pour intégrer et répondre aux conditions nouvelles : un monde en voie de globalisation, la mondialisation, l'internationalisation des échanges, et l'extension internationale, intercontinentale, des méga-entreprises...
 
Des sociétés de plus en plus « tertiarisées » se sont développées. La matière grise, les hautes qualifications techniques, accroissent leur importance. Pour procurer des revenus et confier des tâches aux moins qualifiés, il est nécessaire de maintenir et de créer, imaginer et développer des industries pourvoyeuses ou consommatrices de main d'œuvre, pour employer tout le monde.
Le chômage est un signe, un indicateur d'une dégradation et d'une décomposition des structures de nos sociétés et de leurs fonctionnements. Si ce déclin n'est pas stoppé, il y a danger.

Gabriel Preiss, sociologue et anthropologue
Atelier d'Anthropologie Appliquée, 34000 Montpellier 
Vendredi 12 avril 2013, Centre de Culture Européenne, St Jean d'Angély

 

        

 


Date de création : 03/07/2014 @ 11:18
Dernière modification : 03/07/2014 @ 12:16
Catégorie : Territoires des villes


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