Chapelle Saint-Gabriel

Commune de Tarascon -> Patrimoine et architecture de Tarascon

La chapelle Saint-Gabriel, que sa façade et le cadre naturel qui l’abrite placent au rang des plus remarquables édifices romans de la région, faisait initialement partie du site d’Ernaginum, tout comme les tours qui s’élèvent un peu plus haut sur la colline. Elle est en effet édifiée sur le site d’établissement primitif de la ville de Tarascon. Cet état de fait est attesté par un cippe funéraire retrouvé dans la chapelle : celui-ci porte l’épitaphe d’un utriculaire. Un utriculaire était un homme assurant le transport des hommes ou des marchandises sur des cours d’eau à faible tirant-d’eau ou sur des marécages à l’aide d’un radeau de bois soutenu par des outres. Or, Ernaginum était située au carrefour de trois voies de communication majeures : La via Domitia qui longeait la Durance, la via Aurélia, en provenance d’Aix en Provence, et enfin un troisième qui reliait Avignon à Arles. Le franchissement des zones marécageuses qui entouraient le site rendait nécessaire la présence d’une communauté de navigateurs. L’agglomération subit le sac des Wisigoths en 480 : la ville est détruite et ses habitants contraints de se réfugier à Tarascon. Ernaginum ne disparaît pourtant pas : on élève, probablement aux alentours du VI° siècle, une forteresse destinée à surveiller le goulet entre le Rhône et la montagnette. Les tours qui subsistent en arrière de la chapelle en sont les vestiges. La construction de l’église est également le signe que le site est toujours occupé au Moyen-Age. La ville perdra sa raison d’être lors de l’assèchement des marais qui l’entouraient.

Aucun document ne permet la datation exacte de la construction de Saint-Gabriel : l’observation d’une parenté architecturale avec la galerie nord du cloître de Saint-Trophime d’Arles autorise cependant à la situer dans le courant du dernier quart du XII° siècle. La façade tire son originalité d’une réminiscence marquée de l’architecture antique, mêlée ici à une expression raffinée de l’art roman.


Description architecturale

La façade principale comporte trois portails imbriqués : un profond arc en plein cintre bordé d’une frise d’oves abrite un second portail dont l’élévation est fortement inspirée de celle des temples antiques. Deux colonnes latérales - cannelées à l’origine si l’on en croit les tambours supérieurs de celle de gauche - à chapiteaux corinthiens supportent un entablement constitué d’une architrave à trois fasces et d’une corniche décorée d’un rang d’oves et de feuilles d’acanthe, et un haut fronton triangulaire. L’on peut admirer sur le tympan un bas relief représentant l’annonciation et la visitation. Le dernier portail, en plein cintre, qui vient se placer au centre du second, est ourlé lui aussi d’une frise d’oves. Deux fines colonnes surmontées de chapiteaux à feuilles d’acanthe flanquent l’ouverture. Le tympan semi-circulaire est travaillé en bas-relief : y figure à gauche l’épisode de Daniel dans la fosse aux lions. Daniel est l’un des quatre grands prophètes de l’ancien testament. Exilé à Babylone, il gagne les faveurs du roi Nabuchodonosor. Le royaume tombe aux mains de Darius le Mède qui, sur l’injonction de ses hauts fonctionnaires, jaloux du respect qu’il témoignait à Daniel, fait interdire le culte juif. Daniel refuse de renoncer à sa foi et Darius le fait jeter aux lions. Le prophète est miraculeusement épargné par ces derniers et se convertit. La partie droite du tympan est occupée par une représentation d’Adam & Eve autour du serpent. La partie supérieure de la façade est trouée d’un oculus qu’enserrent 4 frises aux motifs finement ouvragés. En saillie autour de cette rosace, sont représentés les quatre évangélistes. Le reste de l’édifice offre par sa sobriété un contraste saisissant avec la façade.

 

Propriété : Communale
Thèmes : Religion
Catégorie de l’architecture : Architecture religieuse, funéraire et commémorative
Type d’architecture : Architecture religieuse
Appartenance : Monument historique classé
Epoque : Moyen-Age
Édifice : Chapelle
Style architectural : Roman provençal
Datation : XIIe siècle
Communauté de communes : ACCM