L'Atelier d'Anthropologie Appliquée s'est créé à partir du constat de la richesse et de la diversité des activités, usages et actions des humains dans les villes, mais dont beaucoup demeurent méconnus ou incompris, peu commentés car apparaissant comme si "naturels", que leur seule description passera pour incongrue.

Observer nos contemporains, décrire leurs attitudes et leurs pratiques, recueillir et analyser leurs manières de s'exprimer ou de penser, recenser leurs usages les plus banals ou quotidiens, procède d'abord du besoin et de la nécessité, de l'ambition d'aborder la ville comme vivante, de la ressaisir à travers ses rythmes et pulsations, de discerner ses intensités, ses calmes, de faire connaître ses enthousiasmes, ses colères subites et apaisements soudains.

Pour rendre et décrire cette vie foisonnante, cet indescriptible, il nous faudra le regard plus perçant du visionnaire, l'art du sculpteur. Devenir peintre, tendre l'oreille du musicien (les lieux en tant qu'ambiances sonores, les chants des oiseaux, les cris des enfants...), venir comme metteur en scène, juger en décorateur et raconter en scénographe.

Il conviendra tout d'abord d'accumuler des matériaux, documents, synthèses, de puiser dans la littérature écrite, de recueillir un corpus oral, graphique, visuel, pour développer, encore plus avant, une Anthropologie des citadins, ou Anthropologie des villes.

Cette démarche multiple se construira en premier lieu à partir des ressources déjà présentes dans, ou portées par, plusieurs traditions intellectuelles issues des terrains familiers des anthropologues, classiques, récents ou contemporains, qui se sont intéressés à l'Homme des Villes, ou aux femmes et hommes dans les villes.

La littérature de référence, à revisiter, se présente comme relativement abondante, œuvre de sociologues, ethnologues, ethnographes, historiographes, géographes, ou d'autres, notamment philosophes, ou auteurs plus "littéraires" (Walter Benjamin), inclassables.

Produire un regard singulier et collectif sur la ville, participer à la communication autour de cet "objet" (ville, village, cité, centre, bourgade, capitale, quartier, banlieue, périphérie...), amène à dialoguer et échanger, recroiser les points de vue avec le film, la photographie, et rejoint encore bien d'autres démarches d'approche, artistique ou scientifique, qui, ensemble, accumulent les matériaux d'une Anthropologie plus générale des "mondes contemporains" (Marc Augé), des tribus (Michel Maffesoli), des univers ou milieux urbains (Lewis Mumford, Oscar Lewis, Robert Park...), de l'étude attentionnée de fragments de ville (Pierre Sansot).

Villes-mémoires. Lieux et non-lieux. Terrains vagues, ou friches. Mouvements, transports et circulations. Migrations, exils, exodes. Localisations. Déménagements. Circuits pendulaires, transhumances (Jean Viard, "La Dérive des territoires"). Recentrer ces pôles, refonder ces thématiques jusqu'ici éclatées, éparpillées, amène à redonner une plus grande place aux récits directs, témoignages, entretiens semi-directifs, aux observations directes, pour en explorer les ressentis et en découvrir les impressions toujours renaissantes.