Par Stéphane Lafargue - steph.laf@wanadoo.fr - octobre 2006
Collectif pour l'application de l'article 8 -
"Toute personne a droit au respect de sa vie familiale"


LA NATURE EST-ELLE MATERNALISTE ?

Synopsis de l'article de Elaine Morgan paru dans l'édition du 27 août 2005 du "New Scientist".

Lire l'article original
L'émergence du "père au foyer"

En juin 2005, une enquête de l'EOC (Equal Opportunities Commission) révélait que 79 % des hommes interrogés déclaraient qu'ils seraient heureux de s'occuper de leurs jeunes enfants pendant que leur femme ou leur compagne irait travailler à l'extérieur.

Cette enquête a été largement médiatisée, car le fait que de plus en plus d'hommes prennent en charge des rôles considérés traditionnellement comme féminins soulève encore la controverse. Ceux que l'émergence de ce "nouvel homme" effraient le disqualifie comme étant "contre-nature" et sont persuadés que les scientifiques ne pourront que confirmer cela. Cette croyance a pu jadis paraître évidente, mais aujourd'hui c'est le contraire qui se révèle être vrai.

Lors des 2 dernières décennies, le rôle du père a été réexaminé et reconsidéré par des éthologistes, des primatologues, des endocrinologues, des anthropologues et des sociologues. Le résultat de ces travaux montrent qu'à l'évidence, le "nouvel homme" a, en fait, des origines profondes et anciennes.

Pour tenter de comprendre le rôle du père chez l'être humain, les scientifiques ont étudié le monde animal et en particulier les mammifères. Les mammifères nourrissent les petits au lait maternel, ce seul fait semble accréditer la thèse de la prééminence du lien mère-enfant et du rôle accessoire du père qui se réduirait à l'insémination.
> > Le premier indice que les choses pourraient ne pas être aussi simples que cela est la constatation que, dans certaines espèces de mammifères, le père participe activement à l'élevage des petits. De tels exemples se retrouvent aussi à l'intérieur de notre propre groupe, les primates.

Ces observations ont conduit la primatologue Sarah Hrdy de l'Université de Californie à avancer l'hypothèse que le coparentage se met en place dès que, pour une raison ou pour une autre, la mère ne peut y faire face seule.

Il est conventionnel de considérer les soins aux jeunes enfants comme ayant été, partout et de tout temps, de la responsabilité des femmes. Cependant, récemment, des anthropologistes ont découvert que cela n'a pas toujours été le cas. Ainsi, dans 2 tribus pygmées, le coparentage est la norme. Chez les Efe et les Aka (Barry Hewlett de l'Université de Vancouver), les rôles masculins et féminins sont interchangeables.

Il y a 20 ans, le primatologue Alan Dixson, de l'Université de Cambridge montra l'adaptation hormonale des mâles marmoset à leur rôle de père.

En 2000, une équipe de chercheurs sous la conduite de Anne Storey, de l'Université Newfoundland, démontra que chez l'être humain aussi, des transformations hormonales peuvent se produire chez le père pour le préparer aux soins des enfants (Evolution and Human Behavior, vol 21, p 79). Actuellement, cette capacité ne s'exprime le plus souvent qu'en cas de force majeure, mais elle existe. Elle ne demande que des conditions favorables pour pouvoir s'exprimer de manière naturelle.

Les hommes sont programmés pour assurer la protection de leur progéniture par la même hormone que celle qui influe sur le comportement des femmes. Mais cette attitude ne peut s'exprimer et se développer que si l'environnement social le permet.


CPR.SUD

Portail du site

Liste des contributions