La dérobade des hommes

La vie sexuelle des Français a beaucoup évolué ces cinq dernières années. Les hommes sont fatigués, les femmes dominent, les couples deviennent fidèles... Tour d'horizon d'un jardin très secret. Par Emilie Lanez

« C'est pas forcément régulier, c'est vrai qu'il y a des semaines où on n'a pas envie parce qu'on est fatigués. Mais il y a des semaines où c'est une fois, et puis y a des fois où c'est plus. Il y a les vacances scolaires, alors là c'est fantastique, on se retrouve comme quand on était jeunes et fringants. » Agnès, sage-femme de 42 ans, est mariée depuis vingt ans. Elle n'a connu dans sa vie que deux partenaires sexuels, dont son mari.

Alexandre, 30 ans, ancien moniteur de voile au Club Méditerranée, estime, lui, à « plus de 3 000 » le nombre de ses partenaires, et s'en explique : « J'en ai envie parce qu'on est dans le trip, le soleil, les filles et les femmes qui viennent en vacances. » Agnès, Alexandre, Benoît, Frédéric, Samina et des centaines d'autres ont tout raconté sur « la chose » à Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche au Centre d'étude de la vie politique française. La banalité et la diversité, leurs premiers émois sexuels, la première fois, leurs chagrins, leurs plaisirs, leurs pratiques, leurs caresses, leurs fréquences, leurs fantasmes, leurs blessures. Tout sur leur sexualité, livré avec une surprenante franchise, une étonnante impudeur. De ses entretiens la sociologue a tiré un livre, « La vie sexuelle en France » (aux éditions de La Martinière), à paraître le 4 mars.

Qu'en est-il donc de la vie sexuelle de nos contemporains ? Quoi de neuf du côté des alcôves, où les révolutions sont rares et toujours silencieuses ? L'avènement, ces deux dernières années, d'une abondante production littéraire et cinématographique, livrant le témoignage d'une sexualité crue, débarrassée de tout habillage moral, traduit-il une réalité ? Ces livres ont en tout cas connu un énorme succès commercial. « La vie sexuelle de Catherine M. », récit d'une partouzarde heureuse et assumée, s'est vendu à 286 000 exemplaires. « Plateforme », le roman d'une chair occidentale bien triste en quête d'exotisme, de Michel Houellebecq, a été acheté par 240 000 personnes. Peut-on y voir le signe d'une libéralisation des fantasmes et des moeurs ? Beau fixe sur le sexe en France ? A y voir de plus près, l'affaire est plus subtile. Et moins gaie.

Quand on parle de sexualité, on commence d'ordinaire par feuilleter un grand livre comptable, recensant les réponses aux questions usuelles : qui, quand, comment, combien ? Les réponses dont nous disposons, pour établir la carte statistique de nos émois charnels, ont un peu vieilli. L'enquête réalisée par l'Inserm en 1993 fut la dernière d'ampleur nationale. Elle nous dit que le sexe est important pour 70 % des Français, que les femmes déclarent avoir eu 3,4 partenaires dans leur vie, que les hommes en avancent trois fois plus. La découverte de la sexualité se fait à 18 ans et 4 mois pour les femmes, à 18 ans pile pour les hommes. 92 % des Français ont des relations exclusivement hétérosexuelles, 1 % environ bisexuelles, et 1,8 % homosexuelles. 4,5 % des hommes et 5,8 % des femmes n'ont jamais eu de rapports sexuels au cours de leur vie écoulée, un taux de vierges stable. 64 % des Français font l'amour entre une et trois fois par semaine, 6 % tous les jours et 3 % moins d'une fois par mois. Des chiffres qui n'en disent pas suffisamment. Toujours d'une grande stabilité, ces données ne livrent rien de ce qui, en matière de sexualité, se passe dans les têtes, les esprits et les couples. Or, dans l'intimité des couettes partagées, dans le silence des gestes tendres, dans le secret aussi des interdits bravés, la sexualité des Français change. Beaucoup.

Les hommes ont la migraine

Sylvain Mimoun, gynécologue-andrologue, dirige le centre d'andrologie de l'hôpital parisien Cochin et consulte par ailleurs depuis trente ans en cabinet privé. Il est formel : « Je remarque une très nette libération des moeurs sexuelles depuis cinq ans. Avant, je n'entendais jamais un couple me raconter que monsieur n'avait pas envie de faire l'amour, qu'il se sentait las, alors que madame en avait au contraire fort envie et qu'elle était sans cesse obligée de prendre les devants. Or, aujourd'hui, c'est ce que me confient trois couples sur vingt. C'est tout à fait inédit. » Les migraines en forme de dérobade ont changé de sexe, les désirs de rapports sexuels aussi. Les hommes sont fatigués et le disent. Les femmes assument leurs désirs sexuels et leur donnent chair, volontaires. Ainsi, se confondent peu à peu les rôles.

Sexe ou discussion ?

Les sexologues, psychiatres, sociologues, comme d'ailleurs tous les couples de ce pays, savent qu'entre les hommes et les femmes la chronologie des étreintes obéit à un enchaînement fort complexe, surtout lorsque le temps conjugal est à l'orage. Quand la dispute éclate, que le temps se couvre, que les mots s'assombrissent, bref, quand cela barde, les hommes ont souvent tendance à opter pour une réconciliation sur l'oreiller, tandis que leurs compagnes réclament que la dispute soit d'abord éclaircie, les excuses prononcées, avant d'aller sceller l'aube nouvelle dans une tendre étreinte. L'affaire tient du registre de Boulevard.

Eh bien, cette répartition des rôles s'inverse également. « J'entends quotidiennement, reprend Sylvain Mimoun, des femmes me dire qu'elles se réconcilient au lit, tandis que leurs compagnons veulent d'abord parler. »

Autre signe de cette discrète confusion des rôles, les réponses données à la question : peut-on dissocier une relation sexuelle d'une implication affective ? La querelle divise, en Occident, la gent masculine et la gent féminine depuis des temps immémoriaux. A cette question de cours les hommes répondent ardemment qu'entre sexe et amour il y a un monde, où déambulent sournoisement tentations, fesses galbées et fidélité conjugale. « On peut avoir du sexe sans amour, et cela fait du bien », confie ainsi Christophe, 35 ans, informaticien. Du côté des femmes, le discours est souvent contraire. Pour qu'il y ait relation sexuelle, il faut que le coeur soit de la partie, que l'âme soit conquise, la relation promise à durer. « Les femmes associent de manière indivisible la sexualité et l'affectivité », écrit Thémis Apostolidis (in « La vie sexuelle des Français », auteur du « Rapport au sexuel », dans le Journal des anthropologues), alors que « les hommes dissocient très souvent le sexuel et l'affectif dans leurs considérations ».

Cette divergence explique d'ailleurs le décalage entre le nombre de partenaires déclarés selon le sexe interrogé. Si les hommes en ont trois fois plus - une douzaine dans une vie -, c'est parce qu'ils recensent le nombre précis de leurs partenaires, mêmes celles appelées « d'un soir ». Les femmes en déclarent trois fois moins, parce qu'elles ne se souviennent que de ceux qui ont « compté », et, en langage féminin, « compter » signifie avoir compté affectivement, avoir été investi de tendresse, de promesses. « Agnès en fin d'entretien se souvient d'un troisième partenaire oublié, écrit Janine Mossuz- Lavau, elle en avait mentionné deux au départ. » « C'était l'Espagne, il faisait chaud, il était beau et blond. Le décor était magnifique, et ça a été plutôt physique, sexuel, voilà, du plaisir, pas de sentiments. C'est pour ça que je l'avais oublié, le pauvre. » A la question posée par l'Inserm, peut-on avoir des rapports sexuels avec quelqu'un sans l'aimer ? 63,8 % des hommes et seulement 35,9 % des femmes ont, en 1993, répondu par l'affirmative.

Des hommes d'un soir

»Seulement voilà que, là aussi, les rôles peu à peu s'inversent. Des femmes commencent « à faire comme les hommes, écrit Janine Mossuz-Lavau, tandis que les hommes font du sentiment ». Karima, directrice artistique de presse, est mariée et n'éprouve guère de plaisir dans les étreintes conjugales. « Je me suis dit : il faut absolument que je me fasse un mec, parce que c'est pas possible. Et je me suis chopé un contrôleur de la SNCF. Un con. Enfin, pour ce qu'on lui demandait, il fallait pas plus. J'ai trouvé ça vachement bien. » A l'inverse, Roger, cadre en préretraite, 54 ans, s'est marié, « pour rendre hommage à mes partenaires. Chaque fois, ç'a été comme une façon de valoriser la relation, donc de valoriser ma partenaire dans le mariage ». Roger s'est ainsi vaillamment uni légalement quatre fois. Aux quatre femmes avec qui il a eu des relations sexuelles. « Il est manifeste que les comportements sont moins stéréotypés, on avance peu à peu vers une parité dans la sexualité », pense Sylvain Mimoun.

Effrayés par les femmes

La logique paraît convaincante. Parité au travail, parité dans le porte-monnaie, parité à la maison, donc, forcément, parité au lit. Chacun des partenaires s'octroie son tour de migraine, son tour de désir, son tour d'initiative et son tour de refus. Cette vision d'une sexualité où hommes et femmes seraient enfin parvenus à égalité pèche toutefois par optimisme. Maria Michela Marzano, philosophe, chargée de recherche au CNRS-Ceres et auteur d'un passionnant « Penser le corps » (édité aux PUF), estime que, derrière ces nouveaux comportements sexuels se révèle en réalité une grande déstabilisation masculine. « La sexualité est le dernier bastion de domination des hommes. Ils sont effrayés par les femmes qui, épanouies dans leur travail, refusent désormais la soumission sexuelle et se réfugient dans les fantasmes, ce que confirme d'ailleurs le succès du livre de Catherine Millet auprès du lectorat féminin. La sexualité contemporaine est marquée par une progression importante de la consommation pornographique, notamment sur l'Internet, et une augmentation de la consommation de prostituées. Des attitudes symptomatiques d'une crise de l'homme. IIs essaient de retrouver dans une sexualité marchande le rôle dominant, qu'ils ont perdu dans la société. »

En quête de soumission

Autre fait allant dans ce sens, l'augmentation importante de la pratique de la sodomie, longtemps tout à fait marginale. « 40 % des hommes et 30 % des femmes disent aujourd'hui l'avoir essayée », remarque Philippe Brenot, anthropologue et psychiatre, directeur d'enseignement en sexologie à l'université Bordeaux-II. « J'ai été surprise du nombre de mes interlocuteurs me confiant pratiquer la sodomie, pratique dans laquelle ils recherchent la domination, la soumission de la femme », confirme Janine Mossuz-Lavau.

Ultime refuge pour des hommes déboussolés par l'égalité sexuelle. « Je suis frappé de voir comment les adolescents draguent, confirme en écho Sylvain Mimoun, leur séduction est extrêmement agressive, ils s'approchent des filles avec des plaisanteries très dures. » Et le médecin rapporte ce témoignage d'un adolescent qu'il a entendu agonir d'injures une copine sur un bout de trottoir. « Non mais, elle me plaît cette fille, mais si je suis gentil avec elle, t'es fou, elle pensera que je suis une femmelette », lui expliquera le jeune homme.

Une triste sexualité contemporaine

Isabelle Grémy, médecin de santé publique, a dirigé pour l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France la dernière enquête, « Les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH/sida en France ». Un travail qui compare des données tous les deux ans et met au jour des évolutions dans les comportements sexuels. Or, justement, en 2001, l'équipe d'Isabelle Grémy remarque « outre une homogénéisation des comportements homme/femme, la progression constante du monopartenariat, tandis que baisse de manière considérable le multipartenariat ». En dix ans, les hommes déclarant avoir plusieurs partenaires sexuels ont baissé de moitié. La proportion de monopartenaires est passée de 58 % en 1994 à 65,4 % en 2001 pour les hommes et de 70,3 % à 76,3 % chez les femmes. « Cette chute massive du multipartenariat, cet accroissement du monopartenariat sont très spécifiques à la France, on ne l'observe pas chez nos voisins. Mais il est délicat de donner du sens à ces chiffres, on ignore les raisons de cette évolution », commente Isabelle Grémy. Pourquoi les Français deviennent-ils fidèles ? Pourquoi abandonnent-ils les rendez-vous adultérins, les doubles vies ? Nul ne le sait.

En revanche, le décalage entre ces comportements nouveaux et le discours affranchi sur la sexualité - type Catherine Millet, Catherine Breillat, Virginie Despentes - frappe. Comment peut-on dévorer les pages relatant les ébats multiples de Catherine M. et abandonner les tentations pour n'avoir de relation sexuelle qu'en couple de longue durée ? « La sexualité n'est pas instinctuelle, analyse Philippe Brenot, elle est en partie façonnée par le questionnement permanent des médias, qui donnent une image idéale du sexe, proche du roman d'amour. Ce discours entretient la désillusion. Les gens sont oppressés par la question : est-ce que je fais bien ? » Le psychiatre, auteur de « Qu'est-ce que l'amour ? (avec André Comte-Sponville, édité à L'Esprit du temps), en veut pour preuve ses patients. « Un tiers des couples ne fait plus l'amour. Ce n'est donc pas parce qu'on achète les fantasmes des autres qu'on vit une sexualité épanouie. La réalité de la vie sexuelle des Français, c'est une grande misère », conclut le professeur. Alors, quid de la sexualité de nos contemporains ? Triste, comme le pense l'anthropologue Philippe Brenot, ou diverse et libérée, comme l'a entendu la sociologue Janine Mossuz-Lavau ? A chacun sa réponse. Secrète. Intime. Vivante

« Le sexe, c'est la santé »

82 % des hommes et 63 % des femmes, de 40 à 80 ans, estiment que le sexe tient une place importante dans leur vie. Tel est le résultat d'une étude du groupe pharmaceutique Pfizer. « Il est réconfortant de réaliser qu'il n'y a pas de limite à la fin des rapports intimes, et que les hommes et les femmes demeurent sexuellement actifs passé 70 ans », juge le professeur Edward Laumann, sociologue à l'université de Chicago. Les résultats de l'étude ne constituent pour l'instant qu'un agrégat de chiffres bruts : plus de 70 % des Brésiliens et des Italiens affirment avoir des relations sexuelles une à six fois par semaine, contre 21 % des Japonais (le peuple le moins « sexuel »). Ce sont les Belges et les Espagnols qui semblent le plus prompts à passer à l'acte sexuel plus d'une fois par jour. Autre résultat intéressant : 79 % des Indonésiens, dont l'espérance de vie, 63 ans, est relativement faible, estiment pourtant être en bonne santé, contre 55 % des Japonais, qui disposent de l'espérance de vie la plus haute, 81 ans. Or la perception que l'on a de sa propre santé semble être liée au niveau de satisfaction sexuelle : ainsi, 87 % des Indonésiens âgés de plus de 40 ans estiment que la relation sexuelle qui les lie à leur partenaire est excellente, contre 51 % des Japonais - Frédérique Andréani www.pfizerglobalstudy.com

En chiffres

Qu'est-ce qui vous séduit le plus chez un homme ? Son intelligence, répondent 65 % des femmes.

Qu'est-ce qui vous séduit le plus chez une femme ? Son intelligence, répondent 78 % des hommes.

Si, pour le reste de votre vie, vous deviez choisir entre le sexe et la romance, que choisiriez-vous ? Le sexe, répondent 33 % des Français, 30 % des Italiens, 25 % des Amé- ricains et 43 % des Chinois.

Comment vous décririez-vous ? Romantiques, répondent 58 % des Français et bons amants, répondent 34 %.

Etes-vous inquiet de ne pas être un bon partenaire sexuel ? Oui, répondent 28 % des Français.

(Source : Euro-RSCG Love and Lust, 2002).

 

Morceaux choisis

« Je devais avoir 19 ans, je me disais zut, je vais vraiment être attardée, parce que 19 ans, ça m'apparaissait déjà tellement, tellement vieux, donc le premier copain que j'ai eu, c'était aussi pour être dans la norme. Pour ne pas être la dernière à savoir ce que tout le monde savait déjà. » Carole, étudiante.

« Après quarante ans de vie sexuelle, on s'est fait chacun aux désirs de l'autre. C'est peut-être intellectuellement très excitant de se faire sauter comme ça, hop, hop, mais ce n'est pas ce qui me tente. » Andrée, 59 ans, médecin.

« Je ne tiens pas du tout à quitter Iris maintenant, parce qu'il s'est passé tellement de choses. Ça me paraît bizarre de rompre sous prétexte que j'ai eu des rapports, et puis je pense que c'est des conneries, on ne se quitte pas pour ça. » Antoine, étudiant.

« Ça fait bien deux mois que je lui demande de mettre des bas, elle les a, mais elle ne pense pas à les mettre, et je trouve ça un peu dommage. Le collant, je trouve ça affreux. » Adrien, ouvrier.

« Il faut que la personne m'inspire gravement. Avec ce que j'ai vécu, le côté baiser pour baiser, j'ai fait ça tellement de fois que franchement, j'en ai plus rien à faire, je suis hyperblasé ». Julien, patron d'une boîte de nuit.

 

« Je paie pour vivre un moment délicieux »

Bars huppés au rez-de-chaussée des palaces, clubs sélects, boîtes de nuit spécialisées, la vie parisienne flirte volontiers avec la prostitution chic. Une consommation en pleine expansion. Dans ces endroits élégants, on sirote un verre dans une ambiance feutrée, et plus si affinités... Célibataires, hommes mariés, couples en goguette rencontrent de belles jeunes femmes qui vendent discrètement leurs charmes. Une prostitution occasionnelle pour une clientèle aisée. Par exemple, ce club, situé dans le Quartier latin, n'accueille que des jeunes femmes noires. Elles sont libres de racoler les clients, ou pas et ne touchent aucun pourcentage sur les consommations. Pas plus que l'établissement ne perçoit de dividendes sur leurs « affaires ». Toute la subtilité est là : en France, vendre ses charmes est une activité légale, seul le proxénétisme est poursuivi.

Ce lundi, fort tard, une cinquantaine de jeunes métisses et Noires déambulent parmi les clients : des hommes d'affaires de passage, des traders, quelques grands reporters en mal d'exotisme, des habitués plus ou moins âgés... En début de soirée, les contacts sont discrets. Puis de plus en plus pressants : les clients sont invités à danser, parfois enlacés ou embrassés. Mais on ne consomme pas sur place, la nuit se finit soit à l'hôtel, soit chez la fille. Pour un minimum de 150 euros.

« Ça fait partie du jeu et correspond à une certaine ivresse de la vie, raconte Dominique, 47 ans, un publicitaire célibataire, plutôt bel homme. Ces filles sont plus belles que la plupart des nanas que je peux draguer. Bien plus jeunes, aussi. Je paie pour vivre un moment délicieux. Et ça revient moins cher que d'inviter une quelconque nana deux fois dans un restaurant chic, sans être sûr de faire l'amour avec elle ni même de passer un moment agréable. Là, au moins, tout est clair. Ça rend les choses souvent plus agréables et drôles. Parfois, même, cela débouche sur des amitiés. »

Michel, 38 ans, trader, est un habitué. Il vient souvent avec des clients qu'il doit remercier ou mettre en confiance. Marié et père de deux enfants, l'homme dit être un boulimique de sexe. « Avoir une maîtresse est trop compliqué et contraignant. Par ailleurs, j'aurais l'impression de trahir ma femme. Là, ce n'est pas le cas. Je choisis des jambes, des seins, un cul... »

Etrangement, les filles ainsi sollicitées se considèrent rarement comme des prostituées. Elles ne nient pas vendre leurs charmes, mais revendiquent cette activité comme un choix délibéré. Et temporaire. Elles se présentent comme étudiantes, actrices, mannequins, espèrent percer dans la chanson, dans le cinéma ou réussir dans le business. « La prostitution, c'est quand on te force. C'est la rue, la misère, le mac, la drogue. Ici, ce n'est pas ça, témoigne S. , 23 ans. Je choisis avec qui, quand et comment je couche. Tant mieux si cela me permet de mettre de l'argent de côté pour monter mon truc à moi, acheter de belles fringues, louer un chouette appartement... » Ce lundi, la jeune métisse de 1,78 mètre a fini la nuit à l'hôtel avec Dominique pour 200 euros. Un prix d'ami...J.-M. D.

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